11/2023 Le 1er octobre dernier, il y avait une sortie interculturelle à Les Hauteurs. Près de 80 personnes, dont plusieurs personnes immigrantes ont participé à l’activité. L’événement fut un succès puisqu’il a permis de répondre à deux objectifs centraux : briser l’isolement des personnes nouvellement arrivées au Québec et favoriser des relations interpersonnelles incluant des
Québécois francophones. Bref, qu’on soit un gros mélange d’êtres humains
partageant un bon moment, ensemble, en français. En plus, une pléthore d’individus sont tombés amoureux des
Hauteurs : notre accueil chaleureux, la nature, notre terrain de soccer et
la ferme fruitière Les Calembours. L’événement fut organisé par Élizabeth Dupont, conseillère à
la mobilisation en immigration pour la M.R.C. de La Mitis. Elle, qui a des
liens familiaux avec Les Hauteurs, aide désormais les communautés dans
l’intégration des populations migrantes. « Mon rôle est d’appuyer les collectivités pour
favoriser l’accueil de la population à l’égard des immigrants, nous résume-t-elle.
Je suis là pour conseiller les municipalités qui auraient envie d’organiser des
activités qui peuvent s’inscrire dans l’interculturel. Je vais donc aider les
milieux pour qu’ils soient mieux outillés. J’organise aussi toutes sortes
d’activités qui favorisent les rapprochements interculturels comme ce fut le
cas à Les Hauteurs ». Son poste existe afin de répondre à de très nombreux enjeux.
Le fait de changer de pays, que ce soit volontaire ou non, apporte son lot de
défis. « Un enjeu partout au Québec est de développer
l’ouverture. Dans le coin de Montréal et de Québec, ça fait plus longtemps que
les immigrants sont présents. Chez nous, ils sont plus invisibles. Il y a aussi
des gens pour qui le changement peut faire peur. Ils peuvent être réfractaires
au changement. Je travaille donc en douceur ». Même si la majorité de la population du Québec a des ancêtres
immigrants, notamment français, il faut tout de même rappeler l’importance de
la cohésion sociale et du respect.
En plus, quand on y pense, plusieurs difficultés vécues par
la population immigrante sont aussi subies par les gens originaires du coin. « Sinon,
la plupart des enjeux que les nouveaux arrivants vivent sont les mêmes que les
personnes vulnérables en général. Par exemple, avec l’importance de la crise du
logement à Rimouski, on s’est retrouvé avec un groupe d’étudiants
internationaux qui ont déménagé sur le territoire de La Mitis parce qu’ils
n’étaient pas capables de se trouver un logement à Rimouski. Ils n’avaient pas
conscience de l’enjeu lié au transport également. Le transport en commun est
souvent très développé, même dans les coins reculés de l’Amérique du sud, de
l’Afrique ou de l’Asie. Ici, le transport en commun en région, c’est plus
difficile ». Toute
la population d’un territoire partage des enjeux, ceux lié au territoire
précisément. Les défis locaux peuvent également être vécus différemment pour
les immigrants, comme c’est le cas avec l’alimentation, nous raconte Élizabeth. « Nous
sommes chanceux à Les Hauteurs, nous avons une épicerie et des commerces.
Malheureusement, il y a des municipalités qui sont des déserts alimentaires.
Donc, ça peut être difficile de trouver de la nourriture à bas prix, surtout
des aliments près de leur culture ». De
nombreuses difficultés partagées concernent les ressources disponibles. On peut
également parler du cout de la vie. D’ailleurs, les problématiques peuvent être
différentes selon le statut de la personne : étudiant, réfugié,
travailleur étranger temporaire, etc.
« Par
rapport au cout de la vie, on a tendance à penser que les travailleurs
étrangers temporaires sont logés et nourris, mais ce n’est pas le cas. Souvent,
aussi, ils envoient une grande partie de leur revenu auprès de leur famille ». De
nombreux immigrants, en plus d’aider l’économie locale, envoie de l’argent à
leur famille. Cela représente un stress important. Élizabeth
nous rappelle qu’il existe des solutions aux problèmes globaux, comme de
financer le transport en commun, mais il faut aussi trouver des solutions pour
un enjeu central : la francisation. « Il
faut améliorer l’accessibilité à la francisation. En ce moment, dans La Mitis,
il n’y a pas de cours de francisation. Les gens doivent se rendre à Rimouski.
Ça prend des professeurs. Ça prend de la flexibilité pour les personnes qui ont
des emplois avec des horaires atypiques ». D’ailleurs,
la plupart des immigrants qui ont ces horaires atypiques sont des travailleurs
étrangers temporaires. « Il
y a eu beaucoup de reportages ces dernières années concernant des histoires
d’horreur que subissait des travailleurs étrangers temporaires. Il ne faut
pas oublier que ce sont des êtres humains. On essaie de renforcer le lien
autour des nouveaux arrivants pour qu’ils fassent parti de la communauté, qu’on
sache qu’ils sont là, qu’ils se sentent bienvenue. Ça va faire en sorte que le
travailleur se sente bien, qu’il ait peut-être envie de revenir pour un autre
contrat. Il y a des travailleurs qui reviennent pendant plusieurs années de
suite lorsque l’expérience est bonne ». Pour
cela, Élizabeth organise le 7 décembre, avec la CNESST et l’UPA, un événement
où les producteurs agricoles seront conviés à Mont-Joli. Entre temps, il y aura
d’autres activités à teneur culturelle, pour que, nonobstant nos origines, on
puisse partager d’autres bons moments, ensemble, en français.PARCE QUE LA MITIS EST MÉTISSÉE